Le Labyrinthe
juin 2008
Le Labyrinthe
juin 2008
L’amour, c’est pleurer comme on vomirait des lames de rasoir, les larmes piégées dans ma tête, le sol prêt à m’engloutir au premier faux pas. C’est l’océan d’incertitude qui noie chaque instant mort-né comme autant de fœtus d’avenirs stériles que les plages de l’innocence oubliée ne sauraient échouer. Te prendre par la main serait une sépulture ; t’embrasser, un requiem ; ne serait-ce que te toucher, une injure et t’insulter pour dire « je t’aime ».J’ai bâtit un dédale de poussière pour y perdre mon âme. Les mûrs ont de longs doigts fillasses qui pénètrent la terre noire et molle. La porte béante recrachant le lac blanc, gémit mes mots incompris comme autant de cris inassouvis.Elle n’osera pleurer devant tant de ruine. Elle posera sa main pale sur la glace de son cœur. Elle fermera une à une les portes de ma sombre demeure. Saura-t-elle malgré tout sourire ?L’ombre s’étend... lasse de n’avoir pas pu œuvrer plus encore, elle s’étant, s’allonge comme un mort. Elle qui promet tant et n’oublie rien, elle qui sait courir dans un labyrinthe sans fin. Elle ronge sans véritable appétit et dévore petit à petit, les arbres, les rivières, le décor.Pour chaque cycle, un seul refrain.Un seul avenir pour chaque matin.Assise sur un arbre auquel il manque une main, elle parle enfin et ne dit rien. Elle parle si bas. Sous terre, la vermine ne l’entend pas.Elle n’en a que faire, la vermine, qu’elle ne puisse l’entendre se taire. Il est bien notoire qu’un ver, ça n’écoute pas. Ça n’attends rien, un ver... ça broie du noir, et puis voilà.Que ce soit à l’endroit, à l’envers, en avant, en arrière... ce n’est pas comme l’effroi, auquel il faut tout un sanctuaire, un auditoire et des regards. Tout cela, il n’en a que faire, il laisse la mort se taire, elle ne l’intéresse pas.Il y a pourtant, accrochée à son doigt, une femelle criant sa lumière qui luit de son plus bel éclat. Elle se balance, d’avant en arrière, comme une enfant insouciante. Elle se laisse porter sur le doigt d’une aphone démone ailée.Bientôt je la vois. Marchande de sommeil, elle se perd dans le bois. Fuit-elle le soleil, la rosée ou le regret d’une étrange matinée ? Qui sait ce que ça pense une succube, pourquoi vient elle se perdre en moi ? Qui sait pourquoi elle pleure comme ça, assise sur ce vieil arbre sans bras.