Chanter pour mieux taire
Le jardin d’œdèmes
février 2019

Chanter pour mieux taire

Le jardin d’œdèmes


février 2019
Je n’ai rien apporter,
Plus rien à ma portée.
Nul ne peut réparer le don d’un dieu brisé.
 
Les bras tendus,
La chair à nue,
Un champs fertile qu’un sang divin pollue.
 
Tout est perdu,
Rien n’est à faire,
Vous qui ne croyez plus qu’à chanter pour mieux taire
La fleur originelle qui brûle mes blasphèmes,
Enterrés par l’acide dans mon jardin d’œdèmes,
Sourire à peine lucide ; puis pleurer pour vous plaire.
 
Mangez d’abord la foudre,
Puis buvez le tonnerre,
Broyez encore le noir,
Éventrez la lumière.
Riez le jour,
Et fuyez la nuit,
Abandonné l’amour que vous m’aviez promis.
 
Tout est perdu,
Rien n’est à faire,
Mais vous n’aurez vendu que trois flammes amères,
À l’innocent perdu que deux ombres à l’envers
Ont regardé prier aux portes de l’enfer.
 
Et j’ai crié si fort que toutes mes prières
Ont finit par éclore en doux flocons de verre
Et tomber comme la mort dans les yeux de mes pairs
Qui m’avaient vu souffrir et n’avaient pu rien faire.
 
Quand vous serez partit vers d’autres chants plus verts,
Quand vous aurez envie que d’autres vous vénèrent ;
Je resterai ainsi, petit dieu solitaire,
À regarder pourrir vos cadavres de pierre ;
À désirer vomir de honte ma misère
Sur ceux qui m’avaient dit de chanter pour me taire.